À Bellecour, la grande roue revient hanter une riveraine
Cette Lyonnaise a déjà fait condamner la Ville de Lyon en justice pour des vertiges incessants en lien avec la rotation de la roue.
Vous avez le vertige sur la grande roue de Bellecour ! ? Ce n’est rien à côté de ce qu’endure une riveraine. Depuis son appartement, l’horizon tangue dès que la roue tourne. Le jour, rayons du soleil et ombres virevoltent du sol aux plafonds. Le soir, éblouissement et nausées garantis…
Vertige “optocinétique”
Quand cette Lyonnaise acquiert son appartement, en 2004, la grande roue est implantée place Antonin-Poncet. Mais deux ans plus tard, l’installation foraine prend ses quartiers d’hiver, et même d’été, à Bellecour. « Moi qui n’étais jamais malade, j’ai commencé à avoir des vertiges, des migraines épouvantables, je ne dors plus la nuit, je suis épuisée. Et les effets perdurent plusieurs mois après le départ de la roue… ».
Cette habitante, qui tient à conserver l’anonymat, ne fait alors pas le lien immédiat avec la roue et enchaîne les rendez-vous médicaux. Ce n’est qu’au bout de deux ans que le mal est étiqueté par la Faculté : « vertige optocinétique provoqué par la vision d’un environnement en mouvement ». « J’ai dû vendre ma société, j’étais trop fatiguée pour continuer… Je n’ai même pas le courage de chercher un autre appartement », se désole-t-elle. « J’ai demandé aux gens de la Ville de venir constater chez moi… Personne ne s’est déplacé », accuse-t-elle. Alors, elle saisit la justice. En octobre 2011, la cour administrative d’appel condamne la Ville à indemniser son préjudice « anormal et spécial » à hauteur de 13 380 €, somme répercutée sur le forain. Les juges ne reconnaissent toutefois pas la perte de valeur de son appartement, la gêne étant temporaire.
Aujourd’hui, la Lyonnaise souhaite frapper fort et réclame, assistée de Me Guillaume Baulieux, 562 000 € en réparation d’un préjudice professionnel et 50 000 € au titre de l’impossibilité d’utiliser son appartement durant la période d’installation.
L’annonce, par le gestionnaire de la roue, d’un déménagement l’an prochain, côté nord, changera-t-il la donne ? À la Ville, on ne présente en tout cas pas la chose comme acquise, évoquant une « réflexion ».
La grande roue dans l’appartement comme si vous y étiez.
Sophie Majou
