LA VIANDE ARTIFICIELLE : UNE ALTERNATIVE A LA VIANDE TRADITIONNELLE ?
La viande artificielle pourrait bientôt se retrouver dans vos assiettes et dans les rayons de vos Supermarchés.
Hors de France c’est désormais chose faite depuis le 2 décembre 2020 à SINGAPOUR car les Autorités Sanitaires ont autorisé la consommation de « nuggets » à base de viande de poulet fabriquée en laboratoire.
Mais si la viande « cultivée artificiellement » est aujourd’hui présentée comme un produit High-Tech écologique……pourra-t-elle constituer une alternative durable à la viande « traditionnelle » (bœuf, porc, agneau, mouton, cheval, volaille).
Première question : « qu’est-ce que la viande artificielle » ?
Concrètement tout commence par le prélèvement à partir des muscles d’un animal adulte d’un petit nombre de « cellules satellites musculaires » dont la fonction est de participer aux processus de régénération d’un muscle.
Ce sont des « cellules souches » qui seront capables de se multiplier sous l’influence de certains facteurs hormonaux de croissance.
Ces « cellules souches » seront « cultivées » dans les bioréacteurs, c’est-à-dire dans des enceintes stériles qui contiennent de liquides nutritifs puis transformées en « cellules musculaires » avant d’être, mécaniquement, assemblées en un tissu musculaire consommable……donc un steak artificiel…..ou, pourquoi pas, une pizza avec garniture de jambon artificiel ?
Deuxième question : « pourquoi substituer la viande traditionnelle » ?
Rappelons avec insistance que la consommation excessive de viande est non seulement préjudiciable pour l’environnement puisque représentant sur la planète une part considérable des émissions de gaz à effet de serre, de l’utilisation des sols et de la consommation de l’eau mais aussi mauvaise pour la santé des individus par excès de cholestérol sanguin, la formation de graisse à l’origine de maladies cardio-vasculaires et des cancers du côlon par excès d’acide biliaire dans le sang etc…..
En France il est mangé 97 kg de viande par habitant et par an (2020) et que selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) il se consomme plus de 10.000 kg de viande chaque seconde dans le monde, soit 350 millions de tonnes par an (2017).
Et l’Organisation des Nations Unies (ONU) estime que la consommation de viande devrait doubler d’ici 2050 et qu’à cette date il faudra nourrir une population mondiale d’environ 10 milliards d’habitants !!…..un défi cauchemardesque pour les Etats.
D’où la solution d’inventer « la viande artificielle ».
Cependant la production à l’échelle mondiale de « viande artificielle » soulève de nombreuses craintes quant à son impact sur l’environnement qui pourrait être supérieur à l’élevage traditionnel.
En effet, d’une part les animaux disposent d’un système immunitaire les protégeant contre les infections notamment bactériennes……or ce n’est pas le cas des « cellules souches » de sorte que si l’on ne veut pas manger « des steaks de bactéries » il est indispensable que les cultures artificielles soient réalisées dans des conditions de très haute stérilité pour d’éviter les contaminations.
Actuellement dans l’industrie pharmaceutique les cultures cellulaires sont réalisées dans des « salles blanches » très contrôlées et aseptisées.
La stérilité y est le plus souvent garantie par l’usage de matériel en plastique à usage unique ce qui, certes, réduit considérablement les risques de contamination mais multiple la pollution par les plastiques dont le niveau dans les écosystèmes est déjà alarmant (chaque année sont produits 300 millions de tonnes de déchets plastiques polluants terrestres et maritimes !).
D’autre part le bétail reste indispensable puisqu’il fournit de nombreux produits dérivés autres que la viande, participe au recyclage de quantités importantes de déchets végétaux non consommés par l’humain, produit de l’engrais et les pâturages permettent aussi une séquestration importante du carbone.
Enfin, chez l’animal, le volume musculaire croit lentement et les cellules se multiplient peu.
Et pour obtenir, en quelques semaines, « in vitro » de la masse musculaire que l’animal met plusieurs années à fabriquer, il faudra, en permanence, stimuler la multiplication des cellules avec notamment des hormones sexuelles anabolisantes présentes chez l’animal…..comme chez l’être humain.
Mais cette surexposition à ces hormones de croissance cause des effets si épouvantables sur l’organisme que l’Europe l’a interdite en agriculture depuis 1981 (Directive 81/602).
C’est donc sans surprise que le Ministère Français de l’Agriculture a pris position dernièrement contre la « viande artificielle » estimant que la « viande cultivée en laboratoire » posait plus de problèmes qu’elle n’en résout.
En conclusion le match entre « viande traditionnelle » et « viande artificielle » ne fait que commencer et nul ne sait qui l’emportera sachant que de nombreuses Startups ont déjà réussi à séduire des Géants Mondiaux de l’Agroalimentaire aux USA, en CHINE, en ISRAEL et même en FRANCE par l’intermédiaire des Banques BPI (Banques de Prêts et d’Investissements) et de la Banque Européenne d’Investissement (BEI).
Et comme le pense avec une grande acuité Monsieur Jean-Luc PEYNEAUD, Ingénieur Agronome, Conseil en organisation, féru de nouvelles technologies pour une Agriculture durable :
« La viande artificielle de culture cellulaire ne complètera que très graduellement l’offre entre la viande traditionnelle et les substituts de viande à base de protéines végétales qui présentent l’avantage appréciable de valoriser et stimuler le développement de la filière de protéines végétales notamment en FRANCE.
La viande de synthèse pourra aussi contribuer directement ou indirectement au bien-être animal en se substituant, lorsqu’elle sera compétitive et bien acceptée, aux élevages intensifs/hors sol et aux conduites stressantes (gavage, transport confiné, abattage industriel….) ».
Me Jean-Jacques RINCK
Avocat au Barreau de LYON
Membre de la S.P.A. de LYON et du Sud Est